Contacts, n° 147

N° 147 – 3e trim. 1989

Liminaire

Ce numéro est consacré à des réflexions fort diverses, — à chacun de trouver les points de convergence —, sur la rencontre de l’Orient et de l’Occident chrétiens, du christianisme, et surtout de l’Orthodoxie, avec la modernité.

Marie-Alix de Solages, dans la première partie de son étude sur Berdiaev et Nietzsche (la fin sera publiée dans le numéro suivant) plonge au cœur de la modernité, c’est-à-dire du nihilisme et de son dépassement. Nietzsche montre la nécessité de celui-ci, mais n’accède pas au mystère de la personne en sa liberté créatrice. C’est Berdiaev qui, donnant une prodigieuse actualité au message de l’Orient chrétien, célèbre l’alliance de l’humain et du divin « pour que l’homme fasse de la terre son corps et trouve en Dieu son visage. »

Mahmoud Zibawi, dans Remarques sur l’art chrétien en Orient et en Occident, essaie de situer aussi bien l’art de l’icône en son mystère de transfiguration que l’art occidental dans sa quête déchirante et indispensable. Comprendre l’icône comme art liturgique et anticipation du Royaume ne disqualifie pas mais illumine ce qui diffère d’elle, ce qui reste exploration et chemin.

Jean Besse dans L’Orthodoxie et la chrétienté occidentale, montre, souvent avec des exemples précis, comment le patrimoine de l’Église indivise a discrètement mais secrètement persisté à l’ouest de l’Europe : lecture orthodoxe intelligente et aimante de l’histoire spirituelle de l’Occident pour préparer la récapitulation dans l’Una Sancta « de tout ce qui est propre à l’âme chrétienne ».

Vladimir Porech, témoin de la foi en URSS par six ans et demi de capitivité, retrouve, à travers l’actualité soviétique et celle de l’Église russe, le thème de la relation avec la modernité, la question de l’homme qu’évoque avec tant de force Marie-Alix de Solages. L’Église ne doit pas mépriser mais intégrer et, par là-même, re-fonder la grandeur de l’homme.

Contacts

Rectification
On nous a rendu attentifs à la traduction incomplète et inexacte, et défigurant le sens, d’un passage du texte anglais original (qui fait autorité) de « conclusions de la Consultation interorthodoxe de Rhodes » dans sa version publiée par Contacts n° 148 (2e trim. 1989) d’après Episkepsis n° 412. — Page 107, à l’article 39, il faut lire : « Nous, orthodoxes, devons considérer avec attention (au lieu de « circonspection ») et dans une perspective œcuménique (omis dans Episkepsis) les problèmes soulevés par le mouvement féministe ». Suivent 3 recommandations relatives au « langage inclusif » à « l’exégèse de certains textes bibliques, en particulier pauliniens, à la mise en question de l’idée de « soumission de la femme en relation avec celle de son impureté corporelle ». Une 4e recommandation présente dans le projet — nous le savons — a été malheureusement censurée dans la formulation définitive. Nous la donnons à titre d’information : « En discutant de féminisme, nous devons être plus attentifs à notre manière de nous exprimer pour ne pas offenser nos partenaires dans le dialogue œcuménique. » E.B.-S.

Sommaire

Liminaire
[p. 161]

Berdiaev et Nietzsche. Quelques remarques
[p. 162-186]
Marie-Alix de Solages

Remarques sur l’art chrétien en Orient et en Occident
[p. 187-197]
Mahmoud Zibawi

L’Orthodoxie et la chrétienté occidentale
[p. 198-216]
Jean Besse

Grandeur de l’homme
[p. 217-225]
Vladimir Porech, en réponse aux questions d’Olivier Clément

Chronique
• Le Monastère de la Transfiguration. Difficulté et espérances
[p. 226-230]
Un laïc

Bibliographie
• Khomiakov – Nicolas Berdiaev
[p. 231-238]