N° 163 – 3e trim. 1993
Liminaire
Le 11 juillet 1993, le Père Sophrony est entré « dans le Silence et la Lumière de l’Eternité », pour reprendre une expression qui lui était chère. Il allait avoir 97 ans. Depuis 1959, il vivait en Angleterre, au monastère Saint-Jean-Baptiste, en Essex, qu’il avait fondé et qui était devenu, pour nombre d’orthodoxes, de chrétiens de toutes confessions, de « chercheurs de Dieu », un lieu de pèlerinage et de retraite. Un lieu de fidélité créatrice aussi, dans l’amour et la liberté.
Fils spirituel du saint starets Silouane qu’il avait accompagné et servi à l’Athos et dont il a révélé au monde la personnalité et le message – « garde ton esprit en enfer mais ne désespère pas », avait-il entendu dire au Christ -, le Père Sophrony laisse lui-même un extraordinaire sillage de lumière. Aujourd’hui même, sa spiritualité se répand en Russie.
C’est pourquoi nous lui consacrons la majeure partie de ce numéro.
Un de ses familiers, Maxime Egger, retrace d’abord sa destinée spirituelle, le style de son rayonnement et de son activité. C’est l’étude, remarquablement documentée, qui s’intitule significativement « Moine pour le monde ». Chaque semaine, quand sa santé le lui permettait, le Père Sophrony donnait une causerie aux moines et aux hôtes du monastère. Grâce encore à Maxime Egger, nous publions deux enregistrements de ces causeries, Du repentir à l’adoption filiale et Comment recevoir le don de l’Etre véritable? On pressentira une présence à travers ces lignes…
Alain Moufarège, un Libanais en exil – situation qui explique certaines de ses réflexions – nous donne une méditation simple et profonde de l’Apocalypse comme histoire du salut: loin du bruit et de la fureur comme des élucubrations illuminées, l’Apocalypse nous donne la clé de notre existence dans l’histoire et dans l’Eglise. Nicolas Lossky, bien connu de nos lecteurs, membre notoire et efficace de «Foi et Constitution » mais aussi musicologue et chef de chœur, dégage les « principes théologiques de la musique liturgique », une musique qui doit relier la parole humaine à la Parole divine.
Christine Chaillot, qui, depuis bien des années, s’attache au rapprochement des orthodoxes chalcédoniens et non chalcédoniens (du moins ceux de ces derniers longtemps et improprement nommés « monophysites »), établit, arguments en main, contre de tenaces légendes, l’existence d’icônes dans l’Eglise syriaque. Etude qui ne peut que faciliter l’unification en cours de l’ère antiochienne.
Sommaire
Liminaire
[p. 161-162]
Archimandrite Sophrony. Moine pour le monde
[p. 163-177]
Maxime Egger
Deux textes inédits du Père Sophrony
a) Du repentir à l’adoption filiale
[p. 178-185]
b) Comment recevoir le don de l’être véritable ?
[p. 186-191]
L’Apocalypse de Saint Jean, histoire du salut
[p. 292-203]
Alain Moufarège
Principes théologiques de la musique liturgiques
[p. 204-211]
Nicolas Lossky
Images et icônes dans l’Eglise syrienne orthodoxe d’Antioche
[p. 212-213]
Christine Chaillot
Bibliographie
· El donne secondo Wojtyla – Maria Antonietta Macchiochi
[p. 231-233]
· Communion du Saint-Esprit – Boris Bobrinskoy
[p. 233-237]
· La lumière sans déclin – Père Serge Boulgakov
[p. 237-239]
· Patrologie et œcuménisme – Père A. de Halleux
[p. 240]
· Unité de l’Empire et division des chrétiens – Jean Meyendorff
[p. 240]
· Le Père Henri le Saux – André Gozier
[p. 240]