Contacts, n° 252

N° 252 – 4e trim. 2015

Liminaire

Cette année 2015 s’achève en France comme elle avait commencé : par le déchaînement de la violence « djihadiste » à Paris le 13 novembre dernier, impliquant même des attentats-suicides, une première en Europe occidentale. 130 morts de toutes origines dont de nombreux étudiants, notamment deux jeunes Roumains, et des milliers de personnes blessées dans leur corps ou traumatisées à jamais. On est frappé notamment par la haine de l’Occident dont témoignent ces actes de mauvais apocalyptisme commis par des jeunes nés en France : cela illustre de manière terrible la crise sociale, économique, politique et spirituelle dans laquelle notre monde est plongé durablement.
En un sens diamétralement opposé, le dossier qui suit est consacré à quelques aspects de l’orthodoxie francophone, à la manière heureuse et exemplaire dont, historiquement, s’est intégrée localement l’orthodoxie d’origine russe, après l’organisation de la première paroisse orthodoxe francophone à Paris en 1928, dédiée à sainte Geneviève. Trente-six ans plus tard, en effet, l’année 1964 fut marquée par un événement mémorable pour cette présence orthodoxe en Occident : la fondation de la paroisse francophone de la Sainte-Trinité, dans la crypte de la cathédrale Saint-Alexandre-de-la-Néva, 11 rue Daru à Paris. Cette communauté a joué un rôle central dans le développement de l’orthodoxie francophone. La célébration du cinquantenaire de son existence, en décembre 2014, a donné lieu à un colloque à l’Institut Saint-Serge, co-organisé par la revue Contacts, dont nous publions ici les Actes. Les interventions s’articulent selon deux perspectives convergentes : d’une part retracer l’histoire de la communauté dite de la « Crypte », d’autre part étudier le contexte plus large de l’orthodoxie francophone et de ses enjeux.
Dans le premier texte de ce volume, le père Michel Evdokimov met en évidence les circonstances dans lesquelles les célébrations liturgiques en français se sont multipliées après la Seconde Guerre mondiale en région parisienne, donnant naissance à la paroisse de la Crypte. L’exposé de Danièle Gousseff, paroissienne de longue date, propose ensuite un historique détaillé de la communauté de la Crypte durant ses cinquante années d’existence, qui renseigne sur les principaux événements et personnalités ayant façonné cette paroisse. Le théologien libanais Georges Nahas évoque pour sa part la figure marquante du père Pierre Struve, prêtre fondateur de la paroisse qui lui a insufflé son esprit d’ouverture. Olga Laham propose ensuite une lecture des spécificités de la communauté dans le paysage orthodoxe, contribuant à son rayonnement au delà du simple cercle paroissial. Elle envisage des perspectives d’avenir propres à faire durer à la fois son caractère interorthodoxe et son ancrage dans la réalité du terreau occidental.
La seconde série des interventions publiées ici se penche de façon plus large sur la question de la francophonie dans le paysage orthodoxe. Le théologien Michel Stavrou analyse le rapport entre la manière dont la liturgie est célébrée dans la plupart des paroisses francophones et ce qu’elle implique concernant la conscience ecclésiale des fidèles d’aujourd’hui, insistant sur l’importance de la participation du peuple de Dieu dans son ensemble. Élie Korotkoff, qui dirige la commission de traductions liturgiques de la Fraternité orthodoxe en France met en lumière les diverses étapes du processus de traduction et la nécessité d’unifier un tel travail. Enfin Cyrille Sollogoub s’appuie sur son expérience de chef de chœur pour présenter les différents types de chant liturgique orthodoxe pratiqués en français, domaine dans lequel la Crypte fut l’une des pionnières et continue de faire référence.
En filigrane de ces interventions se dégage la question récurrente mais cruciale de l’inculturation du message de l’Évangile et de la Tradition dans une époque et une langue données. Les paroisses francophones sont appelées à incarner de façon dynamique la Tradition de l’Église dans la société occidentale, principalement grâce à l’usage de la langue locale et à un mode de célébration qui suscite la participation et non la passivité des fidèles. Ainsi la veine orientale de l’Église peut devenir accessible aux Occidentaux et contribuer de façon concrète à la rencontre entre les différentes familles chrétiennes encore en chemin vers une pleine réconciliation dans l’unité.
Toute la rédaction de Contacts souhaite à ses fidèles abonnés de joyeuses fêtes de Noël et de la Théophanie et une bonne entrée dans l’année 2016. Nous rappelons une nouvelle fois que le renouvellement de l’abonnement à Contacts est tacite, sauf avis contraire de votre part exprimé avant le 31 décembre, et que cet abonnement pour l’année suivante doit être réglé dès le mois de décembre de l’année précédente. Chaque année, la relance des abonnés retardataires est l’occasion de longues et coûteuses démarches pour une équipe exclusivement composée de bénévoles. Il est possible de régler très facilement l’abonnement par carte de crédit et de façon sécurisée sur le site internet de la revue (voir en p. IV de couverture)

Contacts

Sommaire

Liminaire
[p. 369-371]

La Crypte et l’essor de l’orthodoxie française
[p. 372-379]
Michel Evdokimov

L’histoire de la paroisse de la Sainte-Trinité depuis les origines
[p. 380-385]
Danielle Gousseff

Le père Pierre Struve (1924-1968) : un témoignage porté au nom du Christ
[p. 386-391]
Georges Nahas

Activités et rayonnement de la paroisse de la Crypte depuis cinquante ans
[p. 392-401]
Olga Laham

Célébrations liturgiques et conscience ecclésiale dans les communautés orthodoxes francophones
[p. 402-416]
Michel Stavrou

Les textes liturgiques dans les célébrations orthodoxes en français
[p. 417-428]
Élie Korotkoff

Le chant dans les célébrations liturgiques orthodoxes en français
[p. 429-438]
Cyrille Sollogoub

Chronique : Catholicisme et orthodoxie : 50e anniversaire de la levée des anathèmes
[p. 439-447]

Bibliographie
[p. 448-460]

Tables de l’année 2015
[p. 461-463]