N° 30 – 2e trim. 1960
(rupture de stock)
Liminaire
Des amis catholiques – bénédictins et trappistes – nous ont rappelé l’approche d’un millénaire: celui du monachisme athonite. L’importance qu’ils attachent à cette commémoration non seulement nous émeut mais nous semble un signe des temps : elle souligne des convergences en profondeur, au plan d’une « théologie » qui n’est plus d’école mais exprime et protège la contemplation. « Celui qui prie vraiment est théologien. » Ceux qui, en Occident comme en Orient, s’efforcent à l’« oraison pure », savent toute l’importance de l’Athos comme laboratoire des plus hautes expériences chrétiennes, comme foyer où la prière n’a cessé d’être « l’art des arts et la science des sciences ».
C’est pourquoi nous avons choisi de consacrer cette livraison de « Contacts » au Mont Athos et, plus largement, au monachisme orthodoxe dont l’Athos représente un des accomplissements. Bien entendu, il ne peut s’agir que d’aperçus, et nous nous excusons du caractère extrêmement partiel de ce recueil. Peut-être cependant aurons-nous petitement servi deux causes au reste inséparables. La première est celle de la rencontre entre l’Occident et l’Orthodoxie, dans le souvenir, et dans l’espérance, du monastère bénédictin de l’Athos. La seconde est la cause de la renaissance contemplative dans l’Orthodoxie contemporaine. D’une part, en effet, nous assistons, en Russie en particulier, à l’intériorisation du monachisme : dans une société hostile où l’Église se retrouve « petit troupeau », tout chrétien doit être témoin, c’est-à-dire martyr, par un mouvement historiquement inverse mais spirituellement identique à celui qui poussa au désert les premiers moines désireux de prendre la relève des martyrs dans une société prétendument chrétienne. Mais si l’Église n’est pas de ce monde, elle est dans ce monde pour le sauver : si tout chrétien, aujourd’hui, se découvre, en un certain sens, moine, il doit comprendre (au sens fort de prendre en soi) à la lumière du Thabor les problèmes de la vie et de la culture contemporaine. C’est aussi une des tâches de la pensée orthodoxe que de reprendre l’élaboration, amorcée par la philosophie religieuse russe, de cet « humanisme eschatologique » – l’expression est de Berdiaev – dont Boukharev fut le douloureux précurseur. Enfin, surtout peut-être, nous voudrions humblement favoriser la renaissance proprement monastique qui, après une longue décadence et tant de ruines (spirituelles aussi) s’amorce aujourd’hui dans le monde orthodoxe – à l’Athos même, en Roumanie, au Proche-Orient… Un étudiant libanais d’une vingtaine d’année, pionnier du Mouvement de Jeunesse Orthodoxe de son pays et à qui l’un de nous demandait quels thèmes d’actualité il souhaitait voir abordés par notre revue, répondit vivement : parlez-nous donc de Palamas, de l’hésychasme. De fait, le M. J. O. du Patriarcat d’Antioche culmine aujourd’hui dans une véritable résurrection monastique. Miraculeusement, un moine roumain, lui-même amené à l’hésychasme par un grand « spirituel » venu de Russie, a transmis à cette création libanaise le souffle de la réforme monastique roumaine de 1949-1950, c’est-à-dire l’inspiration d’un monachisme orthodoxe rénové, plus que jamais enraciné dans la contemplation, mais ouvert au service social, aux inquiétudes contemporaines, au dialogue œcuménique. Continuité providentielle, au moment où ce monachisme roumain plus profond et plus large connaît l’heure de l’épreuve. Le Saint-Esprit ne cesse de forger dans l’Église la « chaîne d’or » dont parlait saint Syméon le Nouveau Théologien, la chaîne d’or qui relie non seulement les temps et les lieux mais aussi le ciel et la terre.
Contacts
Sommaire
Liminaire
[p. 65-66]
À propos du monachisme
[p. 67-78]
Paul Evdokimov
Note sur le mot « moine »
[p. 79-80]
Archim. Lev Gillet
L’histoire du monachisme orthodoxe après le VIe siècle
[p. 81-88]
P. Boris Bobrinskoy
Chasteté monastique et mariage
[p. 89]
A. Boukharev, traduction E. Behr-Sigel
À propos du millénaire de la vie monastique au Mont Athos
[p. 90-91]
Dom Olivier Rousseau, O.S.B.
Le Mont Athos, République de la prière
[p. 92-110]
P. Thomas Merton, O.C.R.
L’iconographie byzantine au Mont Athos
[p. 111-117]
Photis Kontoglou
Réflexions sur la doctrine de Grégoire Palamas. À propos de l’Introduction à l’étude de Grégoire Palamas par J. Meyendorff
[p. 118-124]
Élisabeth Behr-Sigel
De la prière
[p. 122]
Staretz Silouane
Le renouveau du monachisme dans la Grèce contemporaine
[p. 131-134]
Constantin Papoulidis
Note sur la reprise de la vie monastique au Liban
[p. 135-136]
Une moniale errante dans la Russie d’aujourd’hui
[p. 137-141]
Élisabeth de Linden
Chronique
Le voyage du patriarche œcuménique en Orient
[p. 142-144]
P. Georges Khodre
Bibliographie
• Jésus : Simples regards sur le Sauveur – Un moine de l’Église d’Orient (E. B.-S. et G. R.A.)
[p. 145-146]
• Anchored in God – Constantin Cavarnos (G. R.A.)
[p. 146]
• L’Orthodoxie – Paul Evdokimov (O. C.)
[p. 147-150]
• Staretz Siluan Monch vom Berge Athos – Archimandrite Sophrony (J. B.)
[p. 150-151]
• Das Rebell von Kamtchatka – Hans Dietrich Teuffen (E. B.-S.)
[p. 151-152]
Supplément (servi aux abonnés à l’édition complète)
Catéchisme orthodoxe
R.P. Semenoff-Tian-Chansky
Fascicules 3 et 4 :
– Deuxième partie (suite) : Le Christ (suite), p. 33 – L’Esprit Saint, p. 42 – L’Église, p. 48
– Troisième partie : La Grâce divine et les sacrements : La Grâce divine, p. 59 – Le sacrement de Baptême, p. 61 – Le sacrement de la Chrismation, p. 64