N° 32 – 4e trim. 1960
(rupture de stock)
Liminaire
Une vérité qui sauve ne se transmet pas par le seul discours, mais en éveillant les sources profondes de la vie, c’est-à-dire par la beauté. Parce que «Dieu est amour», Il a tourné vers nous un visage visible, le visage de la beauté absolue qui ne se sépare pas de la plénitude du bien, ni de la plénitude de l’être. Et désormais le Souffle de résurrection fait fleurir en chaque visage humain sa chance de beauté, par transparence à la lumière divine. A notre époque ivre d’images et dont les machines scrutent désespérément le visage humain, il faut donner le seul « gros-plan » qui ne déçoive pas : l’icône.
Nous publions donc aujourd’hui un premier dossier sur l’icone. Vient d’abord, brièvement suggérée sous plusieurs angles, la théologie de l’image sacrée, théologie de la personne et de la lumière qui ne limite pas, mais fonde une esthétique visionnaire. Suivent des témoignages catholiques et réformés, où l’icone apparaît à la fois comme une pierre d’achoppement et comme un grand thème de convergence œcuménique. Nous apportons enfin quelques données historiques, très partielles, mais qui permettent de situer un Roublev, au-delà de l’esthétisme, dans la réalité spirituelle de la Russie de saint Serge, et de présenter au public occidental l’art sacré si profond — et si peu connu — de la Grèce moderne, du XVIe au XVIIIe siècles.
Nous ne pouvons pas, pour finir, ne pas évoquer le destin contemporain de l’art où s’inscrit le désespoir et la soif d’absolu de notre époque. Descente en enfer dont il dépend de notre prière, de notre témoignage, de la puissance créatrice de nos iconographes, qu’elle devienne baptismale. Car, pour l’art comme pour l’homme d’aujourd’hui, se précise le choix entre la désintégration paroxystique, et l’image de Dieu, c’est-à-dire la sainteté vécue et la sainteté représentée : l’icône.
A tous ceux — collaborateurs ou traducteurs — qui nous ont aidés dans une tâche difficile, nous disons notre gratitude. Puissent ces efforts convergents faire pressentir à nos lecteurs l’esprit « philocalique » de l’Orthodoxie : car « philocalie » ne désigne pas seulement un florilège de textes spirituels, mais cet amour de la beauté et cette beauté d’amour dont la liturgie, l’icône, la sainteté portent l’indivisible témoignage.
Sommaire
Liminaire
[p. 226-227]
Bref aperçu de la querelle des images
[p. 228-240]
Boris Bobrinskoy
A propos d’une théologie de l’icône
[p. 241-253]
Olivier Clément
L’icône : image et symbole
[p. 254-265]
Vladimir Weidlé
L’or céleste : l’ « assiste »
[p. 266-269]
Eugène Troubetskoï
Découverte de l’icône
[p. 270-273]
Jean-Philippe Ramseyer
La Consolation des images
[p. 274-278]
Dom Théodore Strotmann
Les images dans la liturgie
[p. 279-286]
Max Thurian
André Roublev
[p. 287-293]
Léonide Ouspensky
Les humbles «hagiographes» (iconographes) de la période turque
[p. 294-301]
Photis Kontoglou
Frangos Catellanoss, le novateur
[p. 302-306]
Alexandre Embiricos
Le monde des images
[p. 307-308]
Olivier Clément
Réflexions sur l’iconostase
[p. 309-312]
Elisabeth Behr-Sigel
L’art moderne ou la Sophia désaffectée
[p. 313-325]
Paul Evdokimov
Illustrations
– Abel, par Théophane le Grec
[p. 225]
– Notre-Dame de Vladimir (musée Trétiakov)
[p. 257]
– L’apôtre Jean, par Roublev
[p. 289]
– Saint Serge de Radonège
[p. 293]
– Le Christ Elkoménos, fresque de Géraki
[p. 295]
– L’Abbé Sissoï devant la tombe d’Alexandre le Grand, par Photis Kontoglou
[p. 297]
– La Nativité, par Frangos Catellanos
[p. 305]
Bibliographie
[p. 326]
Table des matières de l’année 1960
[p. 327-328]