N° 35-36 – 3e & 4e trim. 1961
(rupture de stock)
Liminaire
Ces approches du mystère de la foi voudraient contribuer, sur un thème central, à la connaissance réciproque des chrétiens. Beaucoup de textes que nous publions ici sont (ou ont pour point de départ) des conférences prononcées pendant l’année scolaire 1960-1961 aux rencontres interconfessionnelles organisées par la C.I.M.A.D.E. : l’intérét de ce véritable dossier œcuménique n’échappera à personne ; nous avons tenu à lui garder, sous la forme de notes conjointes à certains exposés majeurs, son caractère de dialogue.
L’Eglise est la foi vécue : la nécessité d’une expérience de la loi, par le mystère liturgique lentement intériorisé en mystique, est sans doute ce qui importe le plus aux orthodoxes. Expérience ni sensible, ni intellectuelle, mais de l’homme entier dans le Saint-Esprit devenant pour lui un véritable mode d’existence. Expérience qui, même dans l’union déifiante, n’abolit jamais la dimension de foi comme adhésion personnelle à une présence personnelle à qui revient l’initiative de la réciprocité et qui, dans son essence, reste à jamais incognoscible. Expérience cependant à laquelle l’Eglise, Corps du Christ et lieu d’une Pentecôte perpétuée, donne son contenu de paix, de silence, de joie crucifiée, de participation réelle à la lumière incréée qui voile en la dévoilant l’essence divine…
Quelle autre voie pour notre témoignage ? Jamais nous n’avons tant souffert du divorce entre théologie et contemplation, entre mystère et mystique, né des grandes dissociations du moyen-âge gothique. Divorce dont il appartient peut-être aux orthodoxes de mettre à jour les racines dogmatiques… Comme le notait Vladimir Lossky commentant Diadoque de Photicé, la « science » théologique peut devenir une fuite devant le dur «resserrement» exigé par la vraie prière. Il ne s’agit pas seulement de théologie : l’extraversion bien intentionnée de tant de chrétiens d’aujourd’hui ne serait-elle pas une fuite devant l’approfondissement ecclésial et contemplatif de la foi ? Ainsi devenons-nous efficaces et vides, — comme tout le monde : ne nous étonnons pas alors que le monde ne s’étonne plus.
Le P. Dumas parle avec profondeur d’ « épiphanie de la gloire ». Ce pourrait être la voie d’un œcuménisme exigeant que de rechercher comment cette épiphanie est réalisable. Dans quel contexte inséparablement théologique, ecclésial, spirituel, le chrétien peut-il réellement participer à la gloire du Thabor et la communiquer à l’humanité, à l’univers ? La Parole s’est faite chair pour nous mener, dans l’Esprit, vers le Père. N’oublions ni l’Esprit, ni le Père, ni la chair ecclésiale de la Parole. Alors la vraie vie qui est participation, dès ici-bas, à la vie divine, alors le silence, ce « langage du monde à venir », donneront à notre parole ses limites et sa fécondité.
Sommaire
Liminaire
[p. 153-154]
Quelques textes byzantins : S. Grégoire Palamas, Nicolas Cabasilas, S. Syméon le Nouveau Théologien
[p. 155-162]
Foi et théologie
[p. 163-176]
Vladimir Lossky
L’Eglise, foi retrouvée
[p. 177-183]
Nadine Fuchs
Les difficultés de croire
[p. 184-190]
Archimandrite Lev Gillet
– Note conjointe
[p. 190-192]
Pasteur Hébert Roux
La nature de la foi
[p. 193-201]
Pasteur Jean Bosc
– Note conjointe
[p. 201-206]
R.P. Boris Bobrinskoy
Le témoignage de la foi
[p. 207-228]
R.P. Dumas
La plénitude du témoignage
[p. 229-234]
Professeur Pierre Burgelin
Remarques d’un laïc sur le témoignage de la foi
[p. 235-248]
Professeur Olivier Clément
Chronique
• L’Eglise Orthodoxe en Amérique – R.P. Jean Meyendorff
[p. 249-258]
• Courrier des lecteurs
[p. 258]
Bibliographie
• Présence du Christ – Un moine de l’Eglise d’Orient
[p. 259-261]
• Karl Jaspers, Théorie de la Vérité. Métaphysique des chiffres. Foi philosophique – Xavier Tillette
[p. 262-263]
• L’Evangile selon Thomas – Rodolphe Kasser
[p. 263-265]
• La problematica de la adaptacion del derecho canonico en perspectiva
ecumenista – Teodoro Ign. Jiminez Urresti
[p. 266-267]
• La Vie recluse. La Prière pastorale – Aelred de Rievaulx
[p. 268-269]
• Le dogme romain de la Conception de la Vierge Marie et le point de vue orthodoxe – A.S. Merslukine
[p. 270-271]
• Le Messager Orthodoxe, n° 13 et 14
[p. 271-272]
• Le temps et l’éternité chez Plotin et saint Augustin – Jean Guitton
[p. 273-274]
• La messe copte – Dr. J. Garrido
[p. 275]
• Gélase 1er : Lettre contre les Lupercales et 18 messes du Sacramentaire léonien
[p. 275]
• Analecta n°9, 1960
[p. 276]
• Saint Augustin : Homélies sur les Psaumes
[p. 276]