Contacts, n° 132

N° 132 – 4e trim. 1985

Liminaire

Ce numéro s’ouvre sur l’Acathiste du Buisson Ardent, le joyau de la création liturgique et mystique de l’Église orthodoxe au 20e siècle. Tout le mystère de l’hésychasme s’y trouve suggéré, et c’est un mystère marial et comme un « état marial » (on sait que Marie, depuis le Moyen Âge byzantin, est le modèle de l’hésychaste). Ce texte a été écrit en Roumanie, au lendemain de la seconde guerre mondiale, par le poète Sandu Tudor, devenu le moine Daniel ; mort martyr dans un camp ou une prison à la fin des années 50. Texte admirable, jamais publié jusqu’à présent.

Dans la suite du journal spirituel de « Marie- Madeleine Pierre », on va lire le passage contenant L’enfer. Un thème que la grande tradition mystique orthodoxe, syriaque et russe surtout, n’évoque que dans le langage du repentir et de la prière, avec la certitude que l’enfer n’est jamais pour les autres. C’est dans cette tradition que s’inscrit Marie-Madeleine Pierre, une « laïque » qui vit quotidiennement le service du prochain.

Grâce à Michel Stavrou, nous pouvons offrir au public de langue française une suite de réflexions sur le pouvoir parues dans la revue grecque Synaxi, animée par notre ami Panayotis Nellas, revue que nous sommes heureux de faire ainsi mieux connaître en Europe occidentale. On lira d’abord un texte de saint Nicolas Cabasilas, — « Tout pouvoir m’a été donné » —, où le pouvoir du Christ est identifié à l’amour; puis le commentaire de сe texte par Costas Zouraris, professeur de sciences politiques dans l’Université française ; enfin une étude du grand théologien serbe, le Père Athanase Jevtic, à la fois sur Cabasilas, sur l’interview de Zouraris et sur un texte peu connu de Dostoïevski, Notes d’hiver sur des impressions d’été. Оn entrera ainsi dans le vif d’une pensée orthodoxe contemporaine, grecque et serbe, qui proclame magnifiquement l’amour mais se préoccupe assez peu de ses médiations, soit proprement ecclésiales (l’Église n’est pas le Royaume), soit politiques (la société n’est pas l’Église). Que l’Église soit le sacrement du Royaume, qu’elle soit ferment de communion dans la société, n’implique pas identification mais tension. La pensée occidentale, critiquée comme il se doit, a peut-être le mérite d’avoir, ces dernières années, notamment en France, approfondi la notion prosaïque et nécessaire d’« État de droit » où tout, justement, est médiations et tensions.

Olivier Clément, dans Le virus du « Magnificat », un titre emprunté à Maurras, avec appréciation inverse de la virulence, reprend et développe les quelques indications sur les « théologies de la libération » qu’il avait données ces derniers mois au Service orthodoxe de presse (SOP). On vient de célébrer le dixième anniversaire de celui-ci et nous tenons à nous associer à l’hommage, combien mérité, alors rendu à son rédacteur, Jean Tchékan.

En chronique, nous reprenons la traduction française de l’article du Père Thomas Hopko, professeur à l’Institut de théologie orthodoxe de New-York, sur Les problèmes que pose aux Orthodoxes la réception du BEM (le texte élaboré par « Foi et Constitution » sur le Baptême, l’Eucharistie et le Ministère). Il est rare qu’un orthodoxe réfléchisse avec un aussi lucide amour sur les problèmes qui se posent à sa propre Église.

Contacts

Sommaire

Liminaire
[p. 241-242]

Acathiste du buisson ardent
[p. 243-254]
Moine Daniel

De l’enfer
[p. 255-259]
Marie-Madeleine Pierre

« Tout pouvoir m’a été donné »
[p. 260-262]
Saint Nicolas Cabasilas

La véritable nature du pouvoir
[p. 263-273]
Costas Zouraris

Commentaire d’un texte de Dostoïevski
[p. 274-284]
Hiéromoine Athanase Jevtic

Le virus du « Magnificat »
[p. 285-299]
Olivier Clément

Chronique
• Les problèmes que pose aux orthodoxes la « réception » du B.E.M.
[p. 300-316]
Père Thomas Hopko

Bibliographie
• Orient-Occident. Deux passeurs : Vladimir Lossky et Paul Evdokimov – Olivier Clément
[p. 317-320]
• Alphabet de la Foi – Christos Yannaras
[p. 320-323]
• Livre de prières de l’Église orthodoxe
[p. 324]