Contacts, n° 150

N° 150 – 2e trim. 1990

Liminaire

« À la façon de la lumière », écrit Denis l’Aréopagite, Dieu « fait rayonner sur toutes choses, pour les revêtir de beauté, les effusions de cette source rayonnante qui sourd de lui-même… » La Beauté « qui produit toute communion » est comme l’extase de Dieu dans la création. Elle se concentre dans le visage paradoxal du Défiguré-Transfiguré, en qui l’homme retrouve, sous le souffle igné de l’Esprit, sa vocation de « créateur créé ». Au terme du dépouillement. Et c’est introduction au poème de Bernard Jakobiak, Je parcours Ninive 51, comme à l’étude du Métropolite Georges Khodr, Art et création.

Dans les Actes des Apôtres, c’est un couple d’arti¬ans, Prisca (Priscille) et Aquila, la femme nommée d’abord, qui prépare au baptême non seulement d’eau mais d’Esprit Apollos, ce Juif d’Alexandrie « versé dans les Écritures », qui deviendra un des collaborateurs de saint Paul. À la fin de l’Épître aux Romains, celui-ci salue plusieurs femmes qui semblent jouer un rôle important dans les communautés : Phébée, diaconos de l’église de Cenchrées, Maria, Tryphène, Trvphose et Persis qui « se sont beaucoup fatiguées dans le Seigneur », expression que l’apôtre emploie pour ceux qui ont d’importantes responsabilités. Pour introduire à l’étude d’Elisabeth Behr-Sigel sur le problème de l’ordination des femmes, utile mise au point de la réflexion orthodoxe sur ce sujet, appel aussi à un vrai dialogue.

Quant à la sexualité, elle n’a sans doute de sens pour un chrétien qu’en cessant d’exister comme telle, en devenant le langage d’une vraie rencontre entre deux personnes. Sinon, quelles que soient les « garanties » juridiques et sacramentelles, elle risque de n’être que pornéia. C’est ce que suggère Olivier Clément, à travers des développements sans doute inutiles mais qu’appellent les obsessions de l’époque, les trop grandes incertitudes des uns et les trop grandes certitudes des autres.

En chronique, on trouvera une importante déclaration du Saint Synode de l’Église russe, en date du 3 avril dernier. Ce texte précise sans doute les intentions de celui qui vient d’être élu patriarche. Suit une Lettre de Moscou d’Antoine Arjakovsky, où l’on voit l’importance prise là-bas par la pensée de Nicolas Berdiaev, et quelques textes fondateurs de l’Association « Christianisme ouvert », créée à Léningrad par Vladimir Porech et ses amis, textes qui tranchent avec la rhapsodie bien connue qui démonise inlassablement la modernité, l’incroyance et la société sécularisée.

Numéro surtout d’actualité, pourra-t-on nous reprocher. Mais le réveil de l’Orthodoxie dans les pays de l’Est nous arrache aux tentations du repli et de la clôture, sans nous faire perdre le goût du fondamental, bien au contraire. La Tradition est prophétique et créatrice, ou elle n’est pas.

Contacts

Sommaire

Liminaire
[p. 81-82]

Poème Je parcours Ninive 51
[p. 83-84]
Bernard Jakobiak

Art et Création
[p. 85-100]
Métropolite Georges Khodr

L’ordination des femmes : un problème œcuménique
[p. 101-127]
Elisabeth Behr-Sigel

L’Eglise orthodoxe et la sexualité : quelques aperçus
[p. 128-136]
Olivier Clément

Chroniques
· Déclaration du St Synode de l’Eglise Orthodoxe Russe du 3 avril 1990
[p. 137-145]
· Lettre de Moscou : Berdiaev et les intellectuels soviétiques
[p. 145-151]
· L’Association « Christianisme ouvert »
[p. 151-155]

Bibliographie
[p. 156-160]
· Mille ans du christianisme russe (Actes du colloque international de l’Université de Paris X-Nanterre les 20/23 janvier 1988