N° 71 – 3e trim. 1970
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Liminaire
On trouvera dans ce numéro deux importantes synthèses théologiques. L’une, du Père Lev Gillet, est une interrogation sur la foi qui fait écho à l’étude de Mgr Antoine Qu’est-ce que Dieu ? — que nous avons publiée dans le numéro 70. L’autre, du Père Staniloaë, est consacrée à l’eucharistie : thème décisif en ces mois où le problème de l’intercommunion nous oblige à scruter d’un regard neuf ce « mystère des mystères » qui constitue proprement l’Eglise.
Nous donnons aussi une place importante, dans ce numéro, à un « dossier palestinien » où l’on trouvera les prises de positions récentes de chrétiens du Proche-Orient, particulièrement d’orthodoxes, sur le problème palestinien. A un moment où les événements risquent de se précipiter, nous avons, dans la mesure du possible, laissé de côté l’élément passionnel (non sans souligner que sa violence même témoigne d’une aussi profonde blessure), pour garder avant tout des témoignages personnels et une réflexion théologique qui éclaire prophétiquement l’histoire sans s’y emprisonner. Et aussi une information d’ensemble qui, sous la plume, par exemple, d’un patriarche orthodoxe, expose un point de vue arabe trop ignoré en Occident où l’on s’arrête commodément aux mots des extrémistes, en oubliant la souffrance de tout un peuple, le peuple arabe de Palestine, en oubliant aussi que, dans le « tiers-monde », les mots des extrémistes renvoient moins à des systèmes qu’à une immense soif de justice et de communion.
Certains de ces textes surprendront nos lecteurs, les choqueront peut-être. Qu’ils s’efforcent d’abord de comprendre, ou simplement d’entendre ceux dont l’exigence fondamentale n’est autre que d’être entendus.
Notre vœu le plus cher serait d’aider à promouvoir, pour notre faible part, un dialogue entre chrétiens sur ce problème — qui n’est autre, en définitive, que celui de Jérusalem, lourd d’un symbolisme eschatologique —, et notamment, puisque ce clivage se précise, entre chrétiens pro-sionistes et chrétiens pro-arabes. Il est probable que certains aspects de la réalité échappent aux uns comme aux autres. Mais si les partisans des Arabes semblent ignorer qu’une nation israélienne, largement sécularisée, s’est constituée, les partisans des Israéliens ignorent tout des positions arabes les plus vraies, les plus évidentes : qu’après le grand holocauste nazi, l’Europe s’est débarrassée de sa mauvaise conscience au détriment des Arabes qui n’en pouvaient mais ; qu’aux origines de l’Etat d’Israël, en 1947, une injustice a été commise contre le peuple arabe de Palestine, une hospitalité violée ; qu’Israël reste économiquement et culturellement une « tête de pont » des pays riches, un corps étranger qui contribue à maintenir le reste de la région dans une situation de « tiers-monde » et que, d’évidence, les Arabes palestiniens, musulmans ou chrétiens, sont aussi chez eux en Palestine.
Nous chrétiens, nous surtout orthodoxes qui comptons tant d’Arabes parmi nos frères, pouvons-nous nous désintéresser d’un drame, où l’Europe, qui fut chrétienne et où les chrétiens gardent une influence, semble avoir seulement voulu changer de bouc-émissaire ? Ne devrions-nous pas au contraire, contre toutes les démagogies, prier et lutter pour que la communauté israélienne, avec les garanties indispensables, s’intègre dans la réalité humaine du Proche-Orient pour collaborer fraternellement à la promotion globale de la région ? Retrouvant ainsi le sionisme non point conquérant et clos mais ouvert et spirituel d’un Buber, d’un Magnes, aujourd’hui peut-être d’un Chouraqui… Ne devrions-nous pas prier et lutter pour que justice soit rendue au peuple palestinien — que les grandes puissances et les bien- pensants ignorent froidement aujourd’hui — afin qu’il devienne un trait d’union entre Arabes et Juifs dans cette œuvre de progrès commun ? Sans oublier cette recommandation et cet avertissement que nous a laissés Louis Massignon, témoin crucifié de la paix entre fils d’Abraham : « Ne nous lassons pas de répéter qu’il faut prier ensemble, Chrétiens et Juifs et Musulmans, pour l’avènement de cette paix tant désirée, qui se fait tant attendre. Toute tentative d’accord sur le terrain économique, et même culturel, s’il n’est pas fondé sur un mouvement sincère des cœurs, unis dans la Foi dans le Dieu d’Abraham, Père de tous les Croyants, ne peut qu’effrayer le Tiers-Monde, et le rejeter dans le camp des Athées professionnels. » (dans la Convocation de la Badaliya, 1-6-1962).
Sommaire
Liminaire
[p. 169-171]
Prière
[p. 172]
Alexandre Soljenitsyne
Qu’est-ce que la foi ?
[p. 173-183]
Archimandrite Lev Gillet
Théologie eucharistique
[p. 184-216]
Prof. Dumitru Staniloaë
Chronique et documents
• Dossier palestinien (par les chrétiens du Proche-Orient)
[p. 217-240]
• Taizé : Préparation du Concile de Jeunes
[p. 241]
• Rencontre de l’ « Amitié »
[p. 241]
Bibliographie
• Le dynamisme de la morale chrétienne – P. Anciaux, F. Hoogh, J. Ghoos
[p. 242-243]
• Dom Lambert Beaudoin et le Renouveau liturgique – André Haquin
[p. 243-246]
• Prolégomènes à l’étude de Nicolas Cabasilas
• Nicolas Cabasilas : la Mère de Dieu – P. Panayotis Nellas
[p. 246]
• Masignon. Cahier collectif – R.P. Six et divers
[p. 247]
• Orientations pour un dialogue entre Chrétiens et Musulmans – Secrétariat romain pour les Non-Chrétiens
[p. 248]