Contacts, n° 105

N° 105 – 1er trim. 1979

Liminaire

Ce numéro trouve son unité dans une spiritualité philocalique ressentie comme sans limites. Jacques Touraille, dans une étude, belle elle-même, sur « la Beauté du monde icône du Royaume », rappelle la signification que prend le cosmos dans une perspective chrétienne intégrale. Il est urgent de retrouver cette dimension cosmique de notre foi au moment où l’oubli des énergies divines, la définition d’une nature autonome livrée à une intelligence non transfigurée, aboutissent, jusque dans un vieux pays de paysans comme la France, à retrancher tout un peuple de sa terre. Car c’est la même intelligence acharnée aujourd’hui à maîtriser le monde, jusqu’à le détruire, que l’ascèse et la contemplation doivent féconder : alors, jusque dans la quête scientifique et l’activité technique, elle apprendra le sens des limites, le service de la vie, cette contemplation active qui recueille les logoï des choses pour les assumer dans le Logos.

Dans « L’hésychasme et la pensée sociale en Europe orientale au 14e siècle », un jeune et remarquable byzantiniste soviétique, G.M. Prokhorov, montre comment l’hésychasme, au 14e siècle, n’est pas resté une technique ascétique « en cellule », mais a suscité, pour tous, tout un mouvement de pensée, de culture, de réformes sociales, de pacification politique dans le sens retrouvé, contre les nationalismes clos déjà menaçants, de l’universalité de l’Eglise. La prière fut si intense, si ouverte aussi, qu’elle provoqua justice et beauté. Rien n’est plus actuel que ce thème d’une spiritualité créatrice capable d’éclairer et d’approfondir toutes les recherches de l’humain dans un humanisme transfiguré, un divino- humanisme. Ici aussi, la clé semble se trouver dans la théologie des énergies divines.

S’il est un homme qui, dans l’Orthodoxie contemporaine, a repris, pour aujourd’hui et pour demain, cette démarche simulta­nément d’approfondissement et d’intégration, s’il est un homme dont on puisse dire qu’il est à la fois un spirituel, un théologien et un prophète, c’est bien le Père Dumitru Staniloaë, auquel son compatriote, le Père Ion Bria, rend un pertinent hommage (« Hom­mage au Père Dumitru Staniloaë pour son soixante-quinzième anni­versaire »). A « Contacts », nous avons pour le Père Dumitru non seulement de l’amitié mais une sorte de vénération. Son œuvre gigantesque, sa pensée si forte — il est vraiment le plus grand théologien orthodoxe d’aujourd’hui — sont inséparables pour nous d’une présence lumineuse, pacifiante, d’une infinie tendresse, une tendresse de tout l’être. Ad multos annos, Père Dumitru !

Contacts

Sommaire

Liminaire
[p. 0]

La beauté du monde, icône du Royaume
[p. 1-24]
Jacques Touraille

L’Hésychasme et la pensée sociale en Europe orientale au 14e siècle
[p. 25-63]
G.M. Prokhorov

Hommage au Père Dumitru Staniloaë à l’occasion de son 75e anniversaire
[p. 64-74]
Père Ion Bria

Chronique
• Voyage à l’Athos
[p. 75-78]
Alexandre Karpouchko
• In memoriam. Archevêque Paul 1914-1979
[p. 78-79]
Elisabeth Behr-Sigel

Courrier des lecteurs
• La nostalgie de l’Orthodoxie au Zaïre
[p. 80-83]
Bakafna Kabwé

Bibliographie
• L’icône de la Transfiguration – Roselyne de Féraudy
[p. 84-88]
• Colloque Berdiaev – Association Berdiaev
[p. 88-89]
• L’Echelle Sainte – S. Jean Climaque
[p. 90-93]
• La spiritualité de Nil Sorsky – Georges A. Maloney s.j.
[p. 93-95]
• La Vie de saint Antoine – Père Louis Bouyer
[p. 95-100]
• Le Chant Royal : I. Baiser de feu. Ton Nom de braise – Daniel Ange
[p. 100-101]
• Au fil des jours… une femme – Marie-Madeleine Martinie
[p. 101-102]
• Suffering – Innocent and Guilty – Elizabeth R. Moberly
[p. 102-103]
• Opium and the People, the Christian Religion in the USSR –
Michael Boureaux
[p. 103-104]

Informations diverses
[p. 105-108]