Contacts, n° 112

N° 112 – 4e trim. 1980

Liminaire

C’est un prêtre orthodoxe de grande expérience humaine et spirituelle qui, sous le pseudonyme de Pierre, nous parle, « avec crainte et tremblement », confiance aussi, de L’évidence de l’amour. Un amour qui fait tomber les barrières dont nous nous protégeons, sans doute parce que nous avons peur des autres, en définitive peur de notre propre mort, comme si le Christ n’était pas ressus­cité… « Aujourd’hui, disait le patriarche Athénagoras, l’amour tombe sur la face de l’Eglise et la transfigure ». C’est ce que montre Nicolas Lossky en étudiant, au-delà de toute affectivité dans Orthodoxie et Œcuménisme, l’être même de l’Orthodoxie comme catholicité ouverte, témoignage humble et fidèle de l’Eglise indivise, vérité vivante et libératrice. Seule cette vérité inséparable de la vie et de l’amour, cette conciliarité animée par la vie trinitaire si nous tentons de leur correspondre, pourront dissoudre les indurations pécheresses, les positions durcies, unila­térales (et d’abord dans l’Orthodoxie historique) pourront dégager et affermir le kérygme fondamental tout en respectant la diversité légitime des commentaires et des approches, comme les théolo­giens orthodoxes ont su le faire ces dernières années à propos des non-chalcédoniens. L’œcuménisme, dans ce sens, n’est ni bavardage ni relativisme, mais l’être même de l’Orthodoxie, son dynamisme épiclétique. Car l’unité n’est pas seulement donnée à l’Eglise, elle est énoncée par le Seigneur dans une prière à son père : « Qu’ils soient un comme nous sommes un ».

Olivier Clément achève la publication de ses Notes sur le Grand Canon de saint André de Crète. Il voudrait montrer comment, à la « descente » du Seigneur dans notre enfer et dans notre mort correspond la « montée » de l’homme dans la vie, à travers l’ascèse et l’éveil, par les énergies divines, des énergies correspondantes de l’homme « à l’image » de Dieu.

André Desilets, professeur à l’Université de Québec, évoque dans Une introduction à la philosophie paradoxale la pensée de Léon Chestov (1866-1938). Ce grand philosophe religieux russe, judéo-chrétien, proche de Pascal, de Kierkegaard, et peut-être de l’intuition la plus profonde de Nietzsche, a été, inséparablement, le témoin de l’éveil hors des apparences de ce monde — « L’âme, disait-il, réussit très rarement à s’éveiller de l’évidence ration­nelle » — et le témoin de la nature radicalement différente de la foi qui seule peut constituer « une nouvelle dimension de la pensée qui donne accès au Créateur ». Il y a là une démarche qui anticipe étrangement les accents d’un Maurice Clavel, dans ses derniers et si indispensables ouvrages, et converge avec l’effort contemporain pour dépasser toute idéologie (contre ou dans le christianisme). Le Père Basile Zenkowsky voyait dans la non-philosophie de Chestov une propédeutique indispensable à toute élaboration idéologique.

A propos d’un colloque organisé par le Conseil Œcuménique des Eglises, Elisabeth Behr-Sigel (dans Œcuménisme au féminin) précise certaines positions orthodoxes concernant la pleine dignité personnelle de la femme, elle aussi « image de Dieu ».

Enfin Maxime Kovalevsky rend hommage au compositeur Jean Liamine, hommage auquel ont tenu à s’associer le fils du défunt et le musicien Jean Rivier.

Contacts

Sommaire

Liminaire
[p. 281-282]

L’évidence de l’Amour
[p. 283-284]
Pierre

Orthodoxie et Œcuménisme
[p. 285-293]
Nicolas Lossky

Notes sur le Grand Canon de S. André de Crète
[p. 294-330]
Olivier Clément

L’œuvre de Léon Chestov : une introduction à la philosophie paradoxale
[p. 331-336]
André Desilets

Chronique
• Œcuménisme au féminin
[p. 337-341]
Elisabeth Behr-Sigel
• In memoriam
– Le pasteur Henri Roser – Suzanne de Dietrich
[p. 342]
Elisabeth Behr-Sigel
– Le compositeur Jean Liamine
[p. 343-348]
Jean Liamine fils, Jean Rivier, Maxime Kovalevsky

Bibliographie
• Le discernement – Georges Habra
[p. 349-351]
• L’Anglicanisme de Richard Hooker – Olivier Loyer
[p. 351-352]
• Foi et culture dans l’Eglise aujourd’hui – Pierre Dabosville
[p. 352-353]
• Un Dieu au cœur transpercé – Mgr Maurice Gaidon
[p. 353-354]
• Baume est Ton Nom. Prier pour guérir – Daniel-Ange
[p. 354-355]
• Filocalia dei Padri Neptici – Filoteo Sinaïta
[p. 355-356]
• A propos d’une éthique pour la médecine – Claude Bruaire
[p. 356-358]