N° 116 – 4e trim. 1981
Liminaire
Dès le lendemain de sa disparition, nous sentions et savions qu’une livraison de Contacts serait consacrée au Père Lev. Témoignage d’amitié et de reconnaissance s’épanouissant en action de grâces, en glorification de Celui qui transparaissait en la personne de son serviteur. Témoignage qui prolongerait auprès des hommes cette sollicitude paternelle, si perspicace, qui savait se faire humblement fraternelle pour conduire au « Père qui est dans les cieux » l’enfant mûri, sans pour autant l’abandonner. En quelques jours, la décision était prise, les grandes lignes tracées, mais il fallut temps et peine pour retrouver, obtenir, organiser textes et documents en un ensemble significatif. Remercions Elisabeth Behr-Sigel pour son travail à la fois passionnant et ingrat.
Dans la première étude, notre amie présente les étapes, intérieures et extérieures, d’une existence « en lignes brisées » où ce « pèlerin de l’absolu » que fut Père Lev acquit, sous ce qu’il nommait volontiers la « guidance de l’Esprit », la fermeté et la cohérence du détachement qui rend disponible à chacun et à tous. Il fut à l’origine de la première paroisse francophone de rite byzantin : ainsi son histoire se trouve mêlée à une période héroïque, printanière, mal connue, qui fait partie de notre héritage spirituel et ecclésial. De ce ministère parisien dans l’entre-deux-guerres, nous offrons à nos lecteurs des textes édités par les minces revues des commencements : textes de tendresse pastorale, où flamboient aussi les exigences de « l’Amour sans limites ».
La seconde étude, celle d’Olivier Clément, étudie la pensée théologique, trop ignorée, du Père Lev, son libre enracinement dans la Tradition, l’expérience personnelle qui la porte, la synthèse où elle culmine et dont le cœur, bien avant les recherches actuelles de Moltmann, est le thème du « Dieu souffrant ».
Des témoignages suivent, exprimant, dans leur diversité, quelques attitudes constantes chez Père Lev : esprit de liberté, écoute attentive et franchise de la réponse, délicatesse alliée à la rigueur, sympathie universelle et radicalisme évangélique, solitude silencieuse du moine et témoignage limpide, de la présence et de l’amour de Jésus, le tout porté par l’élan secret – « Mon Dieu, je viens » – qui clôt les Lettres du dimanche.
Après ces textes parisiens, l’étude sur la Trinité de Roublev et un court extrait d’un des derniers livres donnent à l’œuvre « théologique » insérée dans une tradition biblique et patristique, un langage neuf.
Une bibliographie où l’on trouvera, entre autres, l’indication des articles dispersés, écrits en plusieurs langues, offre des matériaux précieux pour une recherche plus large.
Sommaire
Portrait du Père Lev
[p. 257]
Liminaire
[p. 258]
Germaine Revault d’Allonnes
Homélie aux funérailles
[p. 259-262]
Métropolite Antoine de Souroge
Jalons pour une biographie
[p. 263-305]
Elisabeth Behr-Sigel
Un grand théologien
[p. 306-331]
Olivier Clément
Témoignages
– Les retraites genevoises
[p. 332]
Irène Bartholdi
– Quelques images du Père Lev
[p. 333-334]
Nicolas Grékoff
– Le père Lev et la Jeunesse Orthodoxe du Liban
[p. 335-337]
Emma Khouri
– Le père Lev et le Fellowship s. Alban & s. Serge
[p. 338-341]
Archimandrite Kalistos Ware
– « L’ultime appel » et « Les femmes de l’Evangile »
[p. 342-343]
Rae Witney
Textes du père Lev inédits ou épuisés
– Une église orthodoxe de langue française (1928)
[p. 344-345]
– Lettre à chacun de mes paroissiens (8 avril 1934)
[p. 346-347]
– Lettres du dimanche (celle du 26 septembre 1937)
[p. 348-350]
– Lettre à la Fraternité orthodoxe de la région parisienne (8 juin 1972)
[p. 351]
– L’icône de la Trinité de Roublev (Irénikon, n° 26, 1953)
[p. 351-357]
– Amour sans limites (extrait) (Chevetogne 1971)
[p. 358]
– Bibliographie du père Lev Gillet
[p. 359-361]
Elisabeth Behr-Sigel
Bibliographie
[p. 362-365]