N° 130 – 2e trim. 1985
Liminaire
Les deux premières contributions à ce numéro relèvent de la spiritualité. L’une est anonyme, l’autre pseudonyme : parler de ce qui touche le « cœur », et le faire à travers sa propre expérience, exigent la discrétion. Non que l’Église orthodoxe ait ignoré les confessions, journaux ou confidences mystiques : qu’il suffise de nommer, entre autres, Grégoire de Nazianze, Syméon le Nouveau Théologien, Tykhon de Zadonsk, Jean de Cronstadt, bien des pages du starets Silouane, et le témoignage souvent bouleversant du Père Sophrony dans « Voir Dieu tel qu’il est ! ». La relation personnelle avec Dieu ne relève pas forcément du « piétisme » ! Et l’Église n’a d’autre sens que d’être un chemin vers Dieu. La tonalité générale, cependant, reste, chez tous, de sobre humanité (mais il y a aussi la « sobre ivresse » !). À notre époque, un des spirituels qui ont le plus fait pour rappeler, au cœur de l’Orthodoxie, la primauté de l’Évangile et de la rencontre avec le Christ, signait d’une manière anonyme : « Un moine de l’Église d’Orient ».
Dans « Seigneur Jésus Christ, aie pitié de moi », un moine athonite contemporain évoque la force et l’actualité de la « prière de Jésus ». La véritable histoire est un combat invisible.
Or ce combat fonde engagements et réalisations d’une spiritualité créatrice. « Marie-Madeleine Pierre» le prouve dans ses « Certitudes intérieures », journal d’une femme engagée au service de ceux qui souffrent.
C’est dans la même lumière que le Père Michel Evdokimov aborde « L’Idiot », de Dostoievsky, où il voit « un roman des ténèbres et de la lumière ». Étrange et profonde illustration du Prologue johannique.
Nous publions enfin la première partie — consacrée surtout aux données vétéro-testamentaires et à leurs commentaires patristiques — d’une étude d’Élisabeth Behr-Sigel sur « L’altérité homme-femme » dans le contexte d’une civilisation sinon chrétienne, du moins marquée par le christianisme. Solidement enraciné dans la Tradition, l’auteur fait le point des recherches récentes.
Ainsi se manifeste l’unité profonde de l’Église, depuis ses racines spirituelles, dont témoigne le martyr ou le moine, jusqu’à la présence dans la vie moderne pour le service, l’œuvre de beauté et de prophétie, le discernement des esprits dans les problèmes les plus actuels.
Contacts
Sommaire
Liminaire
[p. 81]
« Seigneur Jésus-Christ aie pitié de moi »
[p. 82-89]
Un moine athonite contemporain
Certitudes intérieures
[p. 90-101]
Marie-Madeleine Pierre
« L’Idiot », un roman des ténèbres et de la lumière
[p. 102-124]
Michel Evdokimov
Document
• L’altérité homme-femme dans le contexte d’une civilisation chrétienne
[p. 125-144]
Elisabeth Behr-Sigel
Chronique
• A propos de la situation de l’Église Orthodoxe dans l’État soviétique
[p. 145-147]
Elisabeth Behr-Sigel
• In memoriam : Nadejda Gorodetzky : 1901-1985
[p. 147-148]
Elisabeth Behr-Sigel
Bibliographie
• Les Homélies spirituelles de s. Macaire : Le Saint-Esprit et le chrétien – P. Placide Deseille
[p. 149-153]
• La Vie de saint Pacôme selon la tradition copte – P. Armand Veilleux
[p. 153-154]
• L’Église Orthodoxe aujourd’hui – Revue : Unité des Chrétiens
n° 58
[p. 154-155]
• Esprit et Liberté – N. Berdiaev
[p. 156-157]
• Passion du Christ et passions des Hommes – G. Delteil, R. Coste, E. Behr-Sigel, C. Dagens, M. Bouttier, J.F. Collange, père B. Bobrinskoy
[p. 157-158]