Liminaire

Ce numéro est consacré à quelques aspects de la spiritualité roumaine, si mal connue en Occident. Viennent d’abord des textes (inédits en langue française) du starets Basile de Poïana Maruluï qui fut en Moldavie, au XVIIIe siècle, un des initiateurs du renouveau « philocalique » et joua un rôle décisif dans le destin de Païssy Vélitchkovsky, auquel il confèra l’habit monastique en 1750, lors d’un séjour au Mont-Athos. On remarquera l’originalité de sa pensée, qui ne se contente pas de répéter les données de la tradition, mais adapte paisiblement celle-ci à des conditions nouvelles. Suit une étude extrêmement forte et neuve d’Anca Vasiliu, philosophe et théologienne roumaine, sur les représentations du Mandy/ion (la sainte Face du Christ, imprimée par lui sur un voile) et de l’Agneau (non de la Passion mais de l’Apocalypse) dans les fresques, intérieures et extérieures des monastères moldaves, décorés sous le règne du Prince Petru Rares (1527-1546) ou peu après.
Ainsi se précise, dans la perspective d’une théologie de l’image, l’articulation de l’Incarnation et de l’eschatologie. Le Père Bartolomeu Anania (dont nous saluons la récente élection à l’évêché de Cluj), lui-même écrivain et poète, présente les poètes d’inspiration religieuse, parfois plus précisément chrétienne, dans la littérature roumaine moderne. Foisonnement extraordinaire, sur cette vieille terre saturée de sacralité. L’étude sur la lumière (et donc la transparence) de Lidia Staniloae est un bel exemple du lien qui peut unir poésie et théologie. Un jeune théologien roumain, Radu Preda, médite sur l’œuvre immense du Père Dumitru Staniloae, auquel nous disons notre admiration et notre affection pour son quatre-vingt-dixième anniversaire. Enfin Sœur Eléni Quintin, une moniale française, gréco-catholique, qui, après avoir longtemps vécu en Israël, aussi bien proche des Arabes que des Juifs, est aujourd’hui ermite quelque part dans le Sud-Ouest, nous donne quelques impressions récentes sur les monastères roumains qu’elle vient de visiter à l’invitation de Mgr Séraphin de Fagaras.
Ces textes montrent que la Roumanie peut à nouveau jouer un rôle important dans la renaissance de l’Eglise orthodoxe, comme elle l’a déjà fait à la fin du XVIIIe siècle et, à notre époque, juste avant la glaciation communiste : au carrefour du monde grec et du monde slave, de l’Occident et de l’Orient chrétiens.

Contacts

Sommaire

Liminaire
[p. 2-3]

Un colloque « Lev Gillet »
[p. 4-5]
Elisabeth Behr-Sigel

Le starets Basile de Poïana-Maruluï : extraits de son introduction à saint Grégoire le Sinaïte
[p. 6-13]

L’Agneau-« Mandylion » dans les fresques des Eglises moldaves
[p. 14-22]
Anca Vasiliu

La poésie religieuse moderne en Roumanie. Les grands poètes d’inspiration chrétienne
[p. 23-39]
Bartolomeu Valeriu Anania

Sur la lumière
[p. 40-47]
Lidia Staniloaë

Dix chapitres sur le Pères Dumitru Staniloaë. Bref portrait du théologien orthodoxe roumain d’aujourd’hui
[p. 48-55]
Radu Preda

Pèlerinages dans quelques monastères roumains
[p. 56-74]
Sœur Eleni

Bibliographie
[p. 75-76]